Des solutions Fintech innovantes qui favorisent l’économie cashless en Afrique.

Le secteur de la Fintech est en plein essor en Afrique avec notamment la récente acquisition du Nigérian fintech PayStack, racheté par Stripe, un géant mondial de la fintech pour plus de 200 millions de dollars. Cet évènement majeur n’est qu’un des nombreux signes de la révolution fintech africaine.  

Il y a quelques décennies, le secteur des services financiers en Afrique a commencé à introduire les services bancaires sur Internet, les cartes multi devises et le “mobile money”. Selon le rapport du Africa Frontiers Forum , l’adoption de la technologie dans les services financiers permet au secteur de dépasser les infrastructures traditionnelles. L’Afrique est également la région qui connaît la croissance la plus rapide en termes de pénétration de la téléphonie mobile et du haut débit mobile. M-PESA a été un catalyseur sans précédent pour le développement d’une économie n’utilisant pas l’argent liquide ou cashless en Afrique grâce à l’essor du “mobile money”, où les personnes non bancarisées peuvent envoyer et recevoir de l’argent en utilisant leur téléphone. L’innovation a été lancée en mars 2007 par Safaricom, une compagnie de téléphonie mobile kényane, en partenariat avec Vodafone. Grâce à elle, les gens disposent d’un moyen sûr, sécurisé et abordable d’envoyer et de recevoir de l’argent, de recharger leur crédit téléphonique, de payer des factures, de recevoir les salaires, d’obtenir un prêt à court terme et bien plus encore. Aujourd’hui, il y a près de 500 millions d’abonnés au “mobile money” en Afrique subsaharienne.

Qu’est-ce que l’économie cashless? 

L’économie cashless est un système dans lequel les transactions monétaires sont effectuées par des moyens numériques comme les cartes de débit, les transferts électroniques de fonds, les paiements mobiles, les services bancaires sur internet, les portefeuilles mobiles, etc… Il s’agit de l’économie dans laquelle les transactions sont effectuées par des moyens de paiement numériques plutôt qu’en argent liquide. Certains de ces paiements et transactions virtuels, comme l’utilisation des cartes bancaires et les services bancaires mobiles, nécessitent un compte bancaire, ce qui exclut les personnes non bancarisées des services tels que les prêts, les assurances, les découverts financiers, etc… Pourtant, les services de “mobile money” ne nécessitent pas de compte bancaire, ils exigent seulement que les utilisateurs s’inscrivent avec leur numéro de téléphone mobile et les transactions ne nécessitent ni de déplacements auprès des banques ou des distributeurs automatiques ni un niveau élevé de culture numérique car ils peuvent s’effectuer avec n’importe quel type de téléphone, téléphones à fonctions de base ou smartphones. 

Les avantages d’une économie cashless 

Selon la Banque Mondiale, une économie sans argent liquide facilite la gestion des ressources financières, qu’il s’agisse d’un foyer, d’une entreprise ou d’un gouvernement, car les informations sont facilement disponibles sur tous les flux de revenus, de recettes et de dépenses. En outre, l’absence d’argent liquide peut réduire le vol, la corruption, les transactions illégales, le blanchiment d’argent, la criminalité financière ainsi qu’accroître la transparence puisqu’elle permet d’authentifier et de formaliser les transactions. Elle facilite également la gestion des services publics (ex. transport) en fournissant des statistiques sur l’utilisation et en donnant plus d’informations sur les habitudes des citoyens. 

L’économie cashless en Afrique 

L’économie sans argent liquide évolue avec la pénétration de la téléphonie mobile en Afrique, car il est plus facile d’utiliser les transactions par téléphone portable que par carte bancaire dans les zones rurales et suburbaines. 

Selon le Global System for Mobile Communications (GSMA), à la fin 2019, 45 % de la population en Afrique subsaharienne était abonnée à des services mobiles. Comme le marché de la téléphonie mobile continuera à croître au cours des cinq prochaines années, un demi-milliard de personnes dans la région seront abonnées à des services mobiles en 2021, un milliard d’ici 2024, et une pénétration de 50 % des abonnés est prévue d’ici 2025. Cela reflète donc le potentiel d’expansion de l’économie cashless en Afrique.  

Cependant, il existe encore quelques obstacles à la généralisation d’une économie totalement cashless sur le continent. Outre la croissance inégale de la pénétration de la téléphonie mobile qui n’a pas encore atteint 100 % de la population, l’acculturation au numérique et les frais de service pour les transactions en ligne figurent également parmi les principaux obstacles pour les citoyens.

Malgré tous les défis auxquels sont confrontés les pays africains, de nombreuses entreprises Fintech tentent de combler le fossé et de faciliter les transactions et les paiements sans argent liquide. Ces entreprises sont innovantes et commencent à attirer l’attention internationale, comme PayStack au Nigéria mentionné précédemment .   

Covid-19 : un accélérateur vers une société cashless

Pendant la pandémie liée au COVID-19, certains pays africains comme le Rwanda ont encouragé les transactions et les paiements sans argent liquide en incitant les citoyens à utiliser les paiements numériques.  Par exemple, les transactions entre utilisateurs de “mobile money” du même opérateur mobile étaient gratuites, et l’interopérabilité entre les fournisseurs de paiement a été renforcée, du “mobile money” vers un compte bancaire. Au Nigeria, PAGA a supprimé les frais pour les commerçants, leur permettant d’accepter des paiements sans frais supplémentaires pour les clients. Depuis, l’utilisation des solutions de paiement numérique est fortement recommandée par les gouvernements car elle réduit la transmission interhumaine du COVID-19 par l’argent liquide ou les pièces de monnaie. 

Solutions Fintech sans argent liquide en Afrique

Actuellement, il y a 49 projets fintech renseignés sur le site de Do4Africa participant activement à la création d’une société cashless. Voici une sélection de certains d’entre eux: 

Orbus Payment

La société sénégalaise Gaindé 2000, spécialisée dans la facilitation des échanges et la dématérialisation des procédures, en partenariat avec des banques commerciales et des institutions financières, a lancé la plateforme Orbus Payment qui est le premier hub de paiement électronique mobile au Sénégal. La plate-forme compte plusieurs opérateurs et modes de paiement : Post cash, UBA, Wari, JONI JONI, Orange Money, Tigo Cash, Mastercard et carte Visa. Dédiée aux transactions entre les acteurs privés et les particuliers, la plateforme leur permet de facturer et de recouvrer des créances sans avoir à construire leur propre plateforme. À cet égard, Orbus Payment favorise le développement national des produits et services de commerce électronique en reliant les méthodes de paiement électronique traditionnelles et les solutions de “mobile money”.

InTouch

Fondée en 2014 par Omar Cissé, la startup InTouch, basée à Dakar, a conçu une solution universelle permettant aux commerçants d’accepter une grande variété de modes de paiement, sécurisés et pratiques, allant du liquide à la carte de crédit et de débit en passant par la monnaie cryptée. L’objectif de la start-up est de démocratiser l’accès aux services financiers en Afrique où l’activité bancaire est encore très faible. A travers le « Unique Touch Counter », sa plateforme, prête à être installée sur les téléphones Android, les caisses enregistreuses et utilisable sur un site web ou pour la vente entre particuliers sur les réseaux sociaux, InTouch apparaît comme l’agrégateur de tous types de transactions et le facilitateur d’accès à tous les services numériques sur un appareil unique. Lancé au Sénégal, InTouch est aujourd’hui implanté dans plusieurs pays du continent : Cameroun, Côte d’Ivoire, Mauritanie et Kenya.

Pesapal

Pesapal offre aux individus et aux entreprises un moyen simple, sûr et sécurisé d’effectuer et d’accepter des paiements en Afrique. Les paiements Pesapal fonctionnent sur Internet et directement sur les appareils mobiles. L’entreprise, en partenariat avec les banques, les opérateurs de réseaux mobiles et les sociétés de cartes de crédit, propose aux utilisateurs un large choix d’options de paiement. Pesapal protège les acheteurs et les vendeurs tout en leur permettant de vérifier la qualité des produits et des services avant de payer. Sa solution de point de vente mobile (mPoS), baptisée sous le nom de Pesapal Sabi, permet aux entreprises et aux particuliers de payer avec des cartes sécurisées dans les magasins ou en déplacement avec leur téléphone portable ou leurs tablettes Android. Disponible au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie, cette offre vise à aider les entreprises et les travailleurs indépendants ainsi que les PME et les entreprises multisites à traiter plus efficacement les paiements par carte.

MoMoPay

MoMoPay est un service de paiement mobile sans contact qui aide les clients à payer des produits et des services instantanément et avec précaution sur leur appareil mobile. Il s’agit d’une technologie NFC (Near-Field Communication) développée par la société YOUTAP en partenariat avec MTN Bénin, disponible dans tous les types de commerce dans les principales villes du Bénin.

Sobflous

Créée en 2013, Sobflous est une plateforme de paiement en ligne qui permet d’effectuer diverses transactions sécurisées, tant bancaires que mobiles. Sur la plateforme, les utilisateurs peuvent payer par carte de crédit (nationale et internationale) en Dinar ou par virement bancaire. Parmi les services disponibles, il est possible de recevoir et de transférer de l’argent, de recharger la ligne téléphonique chez n’importe quel opérateur ou d’acheter en ligne des bons d’achat valables pour l’international.

Wallettec

Lancée en 2013, Walletec est une start-up qui a développé des services de paiement mobile, grâce à de multiples API, pour que les commerçants et e-marchands acceptent tous types de paiement et de transactions sécurisées dans leurs points de vente comme en ligne. En nouant des partenariats avec vingt grandes banques africaines et les leaders du paiement mobile, Walletec s’est rapidement développée et propose ses services dans sept pays africains mais aussi hors Afrique (Canada, Asie du Sud-Est, Moyen-Orient). 

Paga

Lancé en 2009, Paga est une application de paiement sécurisé sur téléphone portable. En établissant des partenariats avec les principales banques et les acteurs clés de “mobile money”, la start-up se développe rapidement pour devenir le leader des transactions par téléphone portable au Nigeria. En 2015, elle recensait 3,4 millions d’utilisateurs individuels et 3600 PME. La même année, elle a clôturé une deuxième levée de fonds de 13 millions de dollars.

Nokanda

Nokanda est une application rwandaise qui permet aux utilisateurs de smartphones d’utiliser les services de l’USSD à partir d’une interface facile d’utilisation. Elle crée des raccourcis pour les codes USSD afin de faciliter le processus d’envoi d’argent aux contacts téléphoniques sans avoir à taper leur numéro, d’acheter et de payer des services facilement et rapidement. Cette application ne concerne pas seulement le service des télécoms, elle propose également d’autres codes et numéros utiles, tels que les numéros d’urgence et de police gratuits, les numéros d’urgence des services de santé et des hôpitaux.

La croissance de la pénétration de la téléphonie mobile en Afrique et le succès du secteur Fintech prouvent que l’économie africaine peut fonctionner sans argent liquide bien qu’il reste encore un long chemin à parcourir avec des sujets tels que la cybersécurité qui doivent être traités en profondeur par les différents acteurs de l’écosystème, notamment les gouvernements et les régulateurs.